Un point sur l'assurance-vie
J'ai eu plusieurs questions de lecteurs du blog ou du livre sur ce sujet de l'assurance vie, et je vais donc essayer de faire un point sur ce sujet.
Comme nous l'avons vu, tous les fonds qui ne sont pas des fonds garantis en euros actifs à risque, donc exposés à une baisse des marchés.
Que faut-il penser des fonds en euros ?
1) La sécurité
Un fond en euros est un fond très majoritairement (mais pas à 100%) investi en obligations à risque de défaillance faible (emprunts d'état) et en produit de taux. Il peut comporter une petite part d'actions et d'obligations à risque plus important.
Vous trouverez ici à titre d'exemple (assez représentatif) la composition du fonds en euros de l'AFER.
La compagnie d'assurance garantit l'intégralité du capital versé par l'assuré, ainsi que les intérêts déjà versés (effet cliquet).
Il s'agit donc d'un placement sans risque tant que la compagnie d'assurance ne se trouve pas en situation de faillite.
Dans le cas contraire, il existe un fonds de garantie censé couvrir les assurés à hauteur de 70 000€. Ce fonds, comme son homologue destiné aux banques est insignifiant (500 millions d'euros, soit 0,05% du montant total des dépôts), et ne serait pas capable de couvrir la faillite d'une compagnie d'assurance-vie de taille moyenne.
En cas de faillites en série, l'état viendrait peut-être renflouer ce fond de garantie ou "sauver" les compagnies d'assurances...mais cela reste une simple hypothèse, et il vaut donc mieux être client d'une compagnie d'assurances solide (ce qui n'est pas facile à vérifier).
De façon générale (difficile pour moi de faire mieux !), il faut privilégier les compagnies pas ou peu impliquées dans l'assurance-crédit, et surveiller les signaux d'alarme (augmentations de capital que la compagnie ferait en urgence, chute anormale du cours de bourse...etc).
2) La performance, comparée à d'autres actifs similaires
En 2008, avec l'envolée de l'euribor, les fonds en euros étaient devenus temporairement peu compétitifs face aux comptes à terme, qui offraient un rendement égal ou supérieur, pour une liquidité meilleure (échéance de placement bien plus courte).
Cette anomalie a toutes les chances de disparaître avec des taux courts qui devraient se rapprocher du 0 avec la récession en cours, alors que les fonds en euros garderont des rendements de l'ordre de 4% : Ils redeviendront donc sans doute nettement plus attractifs que les sicav monétaires ou les comptes à terme.
Coté inconvénient maintenant, le principal (en dehors du risque lié à un défaut de l'assureur) est celui de la moins bonne liquidité : Un contrat d'assurance-vie est en général prévu pour une durée de 8 ans minimum, et un retrait avant 4 ans (pour les contrats qui l'autorisent) donne lieu à une forte taxation (35% + cotisations sociales de 11%).
Dans une situation de crise où il faut être très réactif et prêt à changer son fusil d'épaule rapidement cela peut être un inconvénient.
Par exemple dans l'hypothèse d'un changement d'environnement (déflation -> inflation forte) associé à une forte hausse des taux, les rémunérations servies sur un fond en euros auront un temps de retard de plusieurs années (le temps pour l'assureur de renouveler son portefeuille d'obligations, pour la part qui n'est pas à taux variable), et ne s'ajusteront pas rapidement à la nouvelle situation.