Déflation / inflation : Que penser du dollar ?

Publié le par loïc abadie

Beaucoup de sites qui partagent en partie les analyses développées ici (sur la bulle de crédit et l’imminence d’une sévère crise économique) pronostiquent aussi un effondrement du dollar.
Leur argument est à priori assez logique :
-         Les déficits commerciaux et des comptes courants US dépassent 6% du PIB, une telle tendance mettra l’endettement public des USA à un niveau complètement intenable.
- Les pays étrangers comme la Chine qui accumulent des réserves en $ vont perdre confiance et vendre leurs dollars.
 
Cela est effectivement en partie vrai, et le sera sans doute si les tendances actuelles se prolongent sur une durée de 10 ans ou plus.
Mais le problème est qu’on ne raisonne ici que sur les comptes publics (déficit de l’état US, avoirs de l’état chinois…etc), en « oubliant » complètement la partie privée du système.
Cette partie est pourtant la plus grosse : 4/5 de la dette totale des USA est privée.
Les actifs privés investis à l’étranger depuis les USA sont très importants : plus de 140 milliards de dollars annuels s’investissent depuis les USA vers des fonds d’actions étrangères (source).
Ce chiffre ne prend en compte que les investissements en actions, une simple classe d’actifs parmi beaucoup d’autres.
Une étude de Goldman et Sachs montre aussi que les américains achètent de plus en plus d’actions étrangères.
En 2003 les investissements directs des USA à l’étranger se montaient à 1793 milliards de $ (à comparer avec les 500 ou 600 milliards de $ détenus par la Chine). Ce chiffre a augmenté encore aujourd’hui.
En cas de « crédit crunch », les acteurs privés du système américain risquent de rapatrier vers les USA leurs crédits et investissements à l’étranger :
- soit par peur du risque : en cas de crise, on préfère vendre les placements « lointains » et les ramener « chez soi ».
- soit par obligation pour rembourser leurs dettes).
Ils vont aussi probablement arbitrer leurs actifs risqués (actions, obligations risquées) vers des valeurs perçues comme moins risquées : bons du trésor, instruments monétaires.
Dans ce contexte, le dollar pourrait donc être temporairement recherché pendant les premières années de la crise, et il est dangereux de vouloir spéculer sur la baisse du $ dans ce contexte.
Plus d’une décennie de déflation Japonaise, pendant laquelle la dette publique de ce pays a atteint 164% du PIB (contre 70% actuellement aux USA) n’ont pas fait baisser le yen (voir ce graphique yen/$).
 
En fait le plus probable est qu'il y ait deux temps  dans la crise à venir :
 
1)      Phase déflationniste pure : l’ensemble des actifs baissent en même temps et sans distinction, même les métaux précieux et matières premières. Pendant cette phase, il faudra privilégier uniquement le cash, comme expliqué dans la rubrique « conseils » du site. Les monnaies prennent de la valeur puisque leur pouvoir d’achat augmente face aux autres actifs dont le prix baisse. Les mouvements entre monnaies devraient par contre être particulièrement imprévisibles et chaotiques (liés à des phénomènes uniquement psychologiques).
Pour ceux qui veulent « tirer profit des tendances », on peut prendre quelques positions baissières sur les indices boursiers (avec le BX4 par exemple), mais il vaut mieux éviter de spéculer sur l’effondrement de telle ou telle monnaie.
 
2) Phase « keynésienne » : quand une part suffisante de dette privée sera liquidée et que les gouvernements n’auront plus rien à perdre au plus fort de la crise, il est très possible qu’ils se lancent dans une politique keynésienne (relance financée par le déficit public). On pourrait alors assister à des dévaluations compétitives entre monnaies et au retour de l’inflation…là le dollar a de bonnes chances de baisser fortement, mais uniquement dans un deuxième temps, après plusieurs années de récession !
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I
La plupart des commentaires évoqués sont aujourd'hui dépassés. Nous enregistrons une baisse généralisée des taux d'intérêts des banques centrales, le japon en tête avec un taux actuel de 0,30%, des taux pratiquement jamais atteints, a contrario, une baisse généralisée des matières premières et principalement des métaux, les graphes des programmes informatisés sont tous dans le rouge. Ces programmes dans l'état actuel de la situation financière et économique mondiale sont obsolètes. C'est l'entièreté de notre système économique qui doit être revu et principalement les instruments de bourse qui permettent à des individus ou à des sociétés de pouvoir faires des opérations et des interventions sur des marchés en n'ayant pas le capital nécessaire pour répondre de leurs engagements.<br /> achat or
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F
Je n'achète pas l'hypothèse "dollar solide" à court. Mais votre analyse est interessante. Pour le reste je suis en  phase sur le scénario déflationiste global. On peut évacuer évacuer l'hypothèse du simple ajustement monétaire, les créditeurs doivent logiquement être entrain de perdre progressivement confiance dans la dette privée. Et le mouvement va s'accentuer durant les mois à venir.Je pense que les US vont connaître un double mouvement, perte de la valeur de leur monnaie et déflation des actifs. Les deux mouvements seront AMTHA plus ou moins simultanés.Les paris sont ouverts.
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L
Un petit lien vers un rapport de chevreux sur l'or et son potentiel. Apparemment, ils sont positifs sur l'or en période déflation. Je partage en partie cet avis dans la mesure où je vois le $ tutoyer les 1.50 à moyen terme si une récession se met en place aux US. Dès lors, cela sera un fort soutien pour le gold. toutefois, je le vois corriger dans un premier temps comme l'ensemble des classes d'actifs.<br />  <br /> http://www.gata.org/files/CheuvreuxGoldReport.pdf
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N
Salut Loic,<br /> J'espère que tu ne laches pas tes bx4 malgré le CAC 40 àplus de 5680pts .A mon avis le Cac peut chercher ses plus hauts récents avant de craquer. De toute façon les nouvelles US ne font que confirmer la stagflation les marchés en prendront compte très bientot    (dans le mois selon moi).<br /> Quant au fond je suis pour le scénario inflation des actifs pour encore quelques semestres (fed baissant ses taux) avant que ton scénario déflationniste arrive.
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L
Salut Ngu yen, pour l'instant je les ai encore, on est dans un biseau ascendant sur le CAC avec volumes en baisse, normalement ça annonce une baisse à venir. Mais si on dépasse les niveaux de 5710 sur le CAC (sortie du biseau par le haut) je coupe ma position pour revenir un peu plus tard ! <br />  
F
Interessants argmentaires sur la déflation (déjà convaincu depuis quelques mois ... depuis le haut de la bulle immo US).Le coeur de votre contribution est bien évidemment la relation que vous établissez entre dette privée et déflation, par opposition à la dette publique inflationniste.Si l'on regarde l'état des finances de certains pays europeens relativement déflationnistes, l'argument peut être contredit ... Mais à la marge seulement. L'argument est simple. Il porte.Sur le fonds j'achète totalement votre scénario sur le changement fondamental en cours actuellement. Mais AMHA c'est seulement lorsque nous verrons baisser significativement les prix de présentation de l'immo US que ce mouvement sera enclanché de manière irréversible.
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