Spreads sur obligations : la peur continue d'augmenter.

Publié le par loïc abadie

Alors que les marchés semblent se stabiliser, il est intéressant de faire un point sur le secteur obligataire et notamment sur les spreads de taux qui sont une bonne mesure de l’aversion au risque des investisseurs.
 
Voici  une série de graphiques montrant les spreads de taux, c’est à dire la différence de taux, entre les obligations de catégorie Baa (obligation à niveau de risque intermédiaire) et les bons du trésor à 10 ans ou les obligations AAA (qualité maximale).
 
D’abord un graphique qui porte sur la période 1919-2008 avec les spreads entre obligations Baa et AAA…Il nous montre que la remontée actuelle des spreads Baa-AAA reste encore modeste (un peu au dessus de 1%) si on la compare à ce qui a été observé pendant la période inflationniste des années 70, et surtout pendant la période de crise des années 30. Il y a une grande marge à la hausse.

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Maintenant un graphique sur environ 50 ans sur les spreads entre obligations Baa et bons du trésor.
Le niveau d’aversion au risque y apparaît déjà élevé et surtout la hausse a été très rapide (120 points de base en 6 mois). Des mouvements de cette importance (120 points de base, 150 en réalité si on prend en compte février 2008) aussi rapides n’avaient pas été observés depuis le début des années 80…et nous ne sommes pourtant qu’au début de la crise, dans un contexte ou l’environnement économique général (hors secteurs bancaires et immobilier) reste peu dégradé.
 
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Pour finir, un zoom depuis le début 2007, qui montre en détail la hausse des spreads obligataires depuis la fin juillet 2007 : la première réaction de la Fed avait temporairement rassuré un peu les investisseurs entre septembre et octobre, mais depuis, la Fed (ainsi que le gouvernement des USA) semble avoir perdu toute sa crédibilité : les baisses de taux massives et le plan Bush n’ont strictement rien changé au mouvement de fond, qui a conduit déjà les spreads à augmenter de 150 points de base en 6 mois…Pour beaucoup d’entreprises, cela signifie aussi des conditions d’accès au crédit plus difficiles : les taux des bons du Trésor baissent bien un peu, mais pas ceux de la plupart des obligations à niveau de risque intermédiaire.

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Ces graphiques portaient sur les secteurs généraux de l’économie.
Evidemment sur l’immobilier et les crédits hypothécaires, l’aversion au risque continue aussi d’augmenter, de façon encore plus marquée : Sur les obligations AA4 (qui représente pourtant un niveau de qualité élevé), la hausse atteint cette fois 450 points de base depuis la fin octobre, et 200 points depuis le début février.
 
Le marché obligataire anticipe donc clairement une dégradation à venir de la situation, que ce soit sur l’immobilier ou l’économie générale.
 
 
 
 

Publié dans psychologie des foules

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R
Bonjour LoicJe crois qu'a partir de lundi 10 mars 2008 ce sera le début de la grande danse macabre(En Asie pour débuter)Puis New-York(Effondrement, plus de 1000 points)Tous cela parce que les taux ne peuvent plus baissé(Effondrement du dollar US sinon) et inflation(Or,pétrole, céréales)Déflation(Maisons cormerciales autant que celles des particuliers)Cette semaine on va avoir quelques faillites de petites banques et compagnie d'assurances.La résistance des bourses a atteint son seuil.J'ai 55 ans et je crois que si je vis encore 20 ans cette crise ne seras pas encore règlé.Les États-Unis ne s'ont plus les maîtres du jeu économiquemais attention ils restent encore la puissance militaire.Il y a un grand choc du pétrole qui vient (5 ans environ) et pas un journal (Télévisé ou autres) qui en fait mention.
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Bonjour,est-ce que tu accepterais de faire un échange de lien avec mon blog :http://monimmobilier.blog.capital.frA+ répond moi par mail
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R
Bonsoir .Un article intitulé : le scénario de l'apocalypse paru dans le financial times et repris sur france inter :http://www.radiofrance.fr/franceinter/chro/geopolitique/Ils parlent notamment d'un assechement total des liquidités qui entrainerait un bradage forcé d'actifs et donc  qui acrediterait donc la thèse d'une très forte déflation comme sur ce blog .Qu'en pensez vous , Monsieur Abadie ?
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L
L'obligataire anticipe une dégradation de l'économie à venir, et ce, à juste titre. Ce qu'il oublie, c'est qu'à terme, le marché obligataire va être le grand perdant du contexte macroéconomique à venir. La déflation des prix immo, des bourses cad des actifs financiers est contrebalancée par l'inflation des produits agricoles et énergétiques. Celle-ci est bien plus délicate à gérér pour nos dirigeants, pour les populations. Mêrme si l'inflation se contracte quelque peu dans les mois à venir en raison de la récession US, le mouvement est enclenché selon moi. La prochaine décennie sera inflationniste, les données qui me parviennent au jour le jour me confortent dans ce scénario.Le taux d'inflation de la Chine a connu une hausse brutale de 7,1% en janvier, soit son taux le plus élevé depuis plus de 12 ans, a annoncé le gouvernement mardi. Cette hausse s'explique notamment par l'hiver rigoureux qui a renforcé les pénuries de nourriture.Les prix des seules denrées alimentaires ont connu une hausse de 18,2% par rapport au même mois de l'année dernière, a annoncé le Bureau national des statistiques sur son site Internet.Cette forte augmentation intervient malgré les efforts du gouvernement pour atténuer la pénurie de porc, de céréales et d'autres aliments responsables d'un pic inflationniste des denrées alimentaires depuis six mois.La hausse de janvier dépasse l'augmentation de 6,9% constatée en novembre, qui était déjà la plus forte en 11 ans.Les autorités chinoises ont tenté de limiter les pénuries alimentaires par des mesures telles que l'octroi de subventions aux fermiers pour élever davantage de cochons.Mais les économistes ont revu à la hausse leurs prévisions d'inflation pour le premier semestre 2008 après les tempêtes de neige qui ont frappé le sud du pays, tuant plusieurs millions d'animaux d'élevage et détruisant les récoltes.Pour l'instant, l'inflation semble circonscrite aux denrées alimentaires, selon les chiffres publiés mardi. Ils montrent en effet que les prix des produits non alimentaires n'ont augmenté que de 1,5% en janvier par rapport au même mois de l'année dernière.Mais les dirigeants chinois craignent que des augmentations répétées des prix de la nourriture ne finissent par contaminer d'autres secteurs de l'économie. APca/v68
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B
Pour completer votre analyse J-4http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1704
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