Un point sur l'évolution de la dette publique US.

Publié le par loïc abadie

J'ai déjà eu l'occasion d'écrire quelques articles sur ce sujet, mais il est temps d'actualiser cela avec les dernières données disponibles.


Mike shedlock a calculé le montant des engagements des autorités US depuis le début de la crise à 7700 milliards de $ (l'équivalent de 11 plans Paulson).

 

Mais ce chiffre spectaculaire doit être relativisé : Il met dans le même "sac" des dépenses effectives et des garanties, deux choses totalement différentes.

Le prêt-sauvetage du Trésor US à l'assureur AIG par exemple est une dépense effective : Il y a très peu de chances que l'état retrouve l'argent de ce prêt avant longtemps (si il les retrouve un jour).

 

Par contre lorsque la FED échange des bons du trésor contre des actifs bancaires plus ou moins douteux pour fournir de la liquidité aux banques, c'est une garantie : la FED perdra sans doute de l'argent à cause du risque qu'elle a pris, et devra être recapitalisée par le Trésor US pour compenser cette perte, mais ce sera une perte partielle : Le taux de perte final sur un panier d'obligations hypothécaires titrisées a peu de chances de dépasser 10% du montant initial (en supposant que 30% des emprunteurs fassent défaut et qu'on revende leur logement à 65% du prix d'acquisition). Donc le meilleur moyen de suivre l'état des finances publiques US est à mon avis d'observer au jour le jour le montant de la dette de l'état US détenue par les créanciers hors-état (ces créanciers sont soit des investisseurs américains, soit des investisseurs étrangers).

 

Ce site  permet de suivre cela en temps réel, la rubrique qui compte s'appelle "debt held by the public". C'est ce que l'état US doit effectivement à ses créanciers.


Cette dette a connu une augmentation spectaculaire cette année, sans précédent depuis la 2ème guerre mondiale, vu qu'elle est passée de 36,8% du PIB US à un niveau qui devrait être voisin de 45% du PIB à la fin décembre. 


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Par son action, le gouvernement US reconnaît donc de fait l'existence d'une crise sans précédent depuis plus de 60 ans,  et a désigné l'ennemi qu'il entend combattre (sans aucun succès pour le moment, comme je l'attendais) : la déflation.


Est-ce que cette action implique un risque de défaut de paiement de l'état US et d'effondrement du $ à moyen terme (2009), comme certains l'annoncent ?

A mon avis certainement pas, et les graphiques ci-dessous permettent de relativiser la situation :

La dette publique a bien flambé ces deux derniers mois (+900 milliards), mais reste à des niveaux tout à fait raisonnables au regard de l'histoire.


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source : http://www.whitehouse.gov/omb/budget/fy2009/pdf/hist.pdf + données 2008 prises sur le site du trésor US.


Ceux qui ont misé sur la chute du $ en 2008, ou bien sur une hausse des taux sous le prétexte que la dette publique US augmentait rapidement sont aujourd'hui largement perdants : les taux des emprunts d'état US sont au plus bas de leur histoire, avec un taux du 10 ans sous les 3%...C'est bien la déflation qui reste aux commandes.

Si les USA continuent à laisser flamber leur dette publique de façon incontrôlée pendant 2 ou 3 ans, les marchés finiront évidemment par s'inquiéter, et le dollar en subira les conséquences.

Mais il est dangereux de vouloir avoir raison trop tôt, parce que pour le moment, la dette publique nette US reste à des niveaux tout à fait soutenables, et inférieurs à celle de nombreux autres états (notamment européens), et elle a toutes les chances de le rester en 2009, même si l'endettement augmente encore de 1000 ou même 2000 milliards (ce qui est tout à fait possible).

1500 milliards de dette publique en plus, ce n'est jamais que 10,4% de plus sur le ratio dette publique / PIB. Pas de quoi provoquer une faillite de l'état à mon avis, et particulièrement dans un contexte ou les investisseurs restent très demandeurs de bons du trésor comme en témoignent la récente baisse des taux. Je ne conseille donc pas de miser sur une baisse du $ à moyen terme.

 

Les CDS (credit default swaps) sur les bons du trésor US voient bien leur valeur augmenter fortement depuis quelques mois, et certains y voient un signe d'une faillite à venir des US. Mais là aussi, attention : cela montre à mon avis surtout l'existence d'une bulle spéculative sur ces CDS, qui indiquent parfois n'importe quoi sous l'effet de la spéculation.

Les CDS associés à Berkshire Hathaway évaluent ainsi actuellement la holding de Warren Buffet au rang de "junk bond" (obligation poubelle).

 

Je préfère donc prendre en compte le message délivré par les taux longs, qui sont historiquement bas, et signalent tout ce que l'on veut sauf un risque de défaut de l'état US à moyen terme...Et pour plus tard, il sera toujours temps de réétudier la situation !


Petit point sur les indices pour finir : Nous sommes dans le rebond technique, à mon avis en fin de vague 4.a. Le put/call ratio court terme (5j) approche la zone des -2 déviations standard, il y a donc un risque important de baisse des indices à court terme (semaine à venir). J'ai pour ma part revendu une bonne partie des petites positions acheteuses (20% de mon PEA) prises en début de semaine dernière.


Je verrais cette baisse, si elle a lieu, plus comme une simple correction de la récente vague de hausse (vague 4.b, voir le graphique sur l'article précédent du blog), qui ne signerait pas encore la fin du rebond technique en cours.

 

 

 

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D
SOIT :  il est vrai que tu n'avais pas exclu une remontée, avec une probabilité plus faible que celle d'une poursuite de la descentes aux enfers. CELA DIT: je pense que tu as tort d'imaginer que des rentabilités de 8 % sur les actions de SP pourront être atteints. La ré-inflation par la FED est en marche et un succès jusqu'ici. Les marchés d'actions sont remontés. Les marchés interbancaires se ré-animent. L'immobilier grince toujours, mais il y a fort à parier que les Fannie Mae et Freddie Mac pourront consolider à bas niveaux, puis exploser à la hausse dans 12 à 24 mois. Si on était dans un trend haussier - contrairement à ce que tu crois - ce trend va devoir se confirmer ces prochains mois. D'accord. Cela dit, quand les bears, càd toi aussi, auront compris le renversement de tendance, il se pourrait produire un feu d'artifice haussier qui risque de balayer toutes les positions baissières. Il n'est pas exclu que cette année soit historique pour la hausse des indices d'actions - ne t'en déplaise. Et un Dow à 10000 points est tout à fait plausible. Le dollar bas favorise les multinationales américaines :  l'Europe et le Japon vont souffrir et ne peuvent que sous-performer par rapport aux USA. L'inflation restera limitée pour le moment aux actions, aux actifs toxiques, à l'immobilier qui consolidera encore en 2009. Quand tu ne fais rien, j'achète à la hausse, quand tu prends des positions baissières, je prends mes bénéf.:  nous verrons à la fin de cette année quelle stratégie aura été la meilleure. Tes possibilités de gagner à la baisse seront moins bonnes. Et:  je ne serais pas surpris que tu doives réviser tes anticipations en 2010. Wait and see:  amicalement.
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D
Je m'étonne de la foi quasi religieuse exprimée sur ce site sur la certitude du scénario déflationniste et une descente aux enfers persistante des indices boursiers américains et mondiaux:  les intérêts sont bas, les salaires à la baisse, les entreprises en diminution en nombre, les prix des assets ré-inflationnés par la Fed à coup de milliards, les matières premières pas chères, les entreprises en sous-capacité de production, la baisse de la consommation en train de pauser voire de se repositionner à la hausse. Tous les ingrédients sont réunis pour une année boursière record aux USA et par ricochet (moitié plus faible ?) en Europe. Cela pendant que le chômage continue à monter, bien sûr. Depuis mars 2009, mais probablement depuis septembre/octobre 2008, nous sommes entrés dans un nouveau cycle haussier des bourses américaines. Quant tout le monde l'aura compris, les bourses exploseront. Pourquoi pas un indice de Dow au dessus de 10000 points à fin 2009 !  Avoir eu raison ne prouve pas d'avoir raison aussi à l'avenir :  depuis mars, Loïc se fourvoie et je me demande quand il va se raviser pour devenir bullish. Fini les bears !  :   on monte, et la faillite de GM ne fait plus que "bon débarras".  L'optimisme boursier retournera vers l'exubérance encore cette année !   Et :   l'exubérance pourrait durer plus longtemps que certains ne le pensent. DIAM
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L
<br /> J'avais averti dès le mois de mars du risque de rebond long, il faut quand même se donner la peine de lire ce que j'ai écrit précédemment :<br /> http://tropicalbear.over-blog.com/article-29202681.html<br /> et confirmé ensuite ici : http://tropicalbear.over-blog.com/article-29791114.html<br /> <br /> Pour le reste, un retracement de 30% environ (pour le moment) d'une séquence baissière n'a jamais fait un "nouveau cycle haussier" durable. Aucun des problèmes à l'origine de la crise n'ayant été<br /> réglé (ils ont au contraire été aggravés), il ne fait pour moi aucun doute que les indices replongeront, et iront bien plus bas que leurs points bas du début 2009. Ce n'est pas une petite bouffée<br /> d'optimisme de quelques mois qui changera quoi que ce soit à la donne.<br /> <br /> Maintenant, le rebond technique actuel peut durer encore quelques mois, et le CAC peut tout à fait aller chercher les 3700...Cela ne changera rien aux fondamentaux de moyen / long terme. Je<br /> deviendrai bullish (dans une optique long terme) quand les rendements moyens du SP500 seront à 8%, dans quelques années.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
B
L eur/usd est qd meme monté jusqu a 1.47, et avec une vitesse foudroyante qui montre à quel point les investisseurs qui ont joué ton effet deliveraging ce sont fait piéger et ont du se racheter ds la panique.Cest comme je te disais les specialistes qui ont recommandé de jouer le renforcement du $ sont les memes qui ont été incapables de déceler la crise.Et cest la ou l on voit une des erreurs principales des professionnels cad de tjrs aller chercher des chemins techniques compliqués (soit disant savant) dans lesquels ils se perdent à chaque fois avec des resultats de gestion catastrophiques.Etre bon en finance cest commencer par ^tre humble et simple. Le foyer de la crise est aux USA et cest le $ qui en souffrira plus que l'€ il n y a pas a chercher plus loin. Tu paris combien ?
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B
eur/usd 1.38 Comme j'avais raison dans mon post du 2 décembre 2 semaines ont suffit pour mettre à plat les prévisions des grands spécialistes (de mes 2) Comme quoi il ne faut jamais rentrer trop dans les détails, dans les calculs, ni chercher des mécanismes compliqués comme le deleveraging ou je ne sais quelle énormité Défendre le $ en pleine crise du $ était une belle connerie voilà tout ... n'est ce pas Loic ? Mais quand en plus cette idée tordue vient d'une reflexion intellectuelle travaillée là il y a franchement de quoi rigoler Il n'y a doublement aucune excuse Et quel spectacle de voir tous ces imbéciles qui ont pariés sur l'effet deleveraging courrir après l'eur/usd le propulsant dans les airs bearbear a écrit le 02/12 Bonjour à tous Il est quand même surprenant de penser que la monnaie du pays foyer de la crise (USA) puisse en bénéficier (en se revalorisant) ? Il y a forcément quelque chose qui ne va pas dans cette analyse... ...Il faut aussi regarder quels analystes prévoient un raffermissement du $ sur €. Ce sont certainement les mêmes qui il y a quelques trimestres à peine ne croyaient pas à une récession ni à un crash boursier.
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L
<br /> <br /> Bonsoir, pour le moment, je ne vois qu'un gros rebond technique de l'€ au sein d'une tendance baissière entamée à l'été 2008, et on est loin des plus hauts à 1,60 sur la paire €/$. Je ne suis<br /> donc pas du tout convaincu de la durabilité de ce rebond de l'€...J'attendrai plutôt une nouvelle vague de baisse de l'€ face au $ mettant fin à ce rebond technique.<br /> <br /> <br /> wait and see !<br /> <br /> <br /> <br />
Y
Rajouter a cela que la FED annonce http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?&news=6146767augmenter la masse monétaire (le M1 si je ne m'abuse ?) cela signifie par effet ricochet (sur la confiance) inflation, et donc... fuite des capitaux, dévaluation du dollar (ce qui va arranger les USA)
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