Marchés baissiers : rappel de quelques règles de bon sens. !
Les short-squeezes comme celui d'hier sont d'ailleurs une caractéristique des grands marchés baissiers, et si celui qui est en cours se prolonge, nous en aurons d'autres, peut-être encore plus violents : Les plus fortes séances de hausse en 1 journée à wall street se sont produites pendant les années 1929-1930-1931-1932, période où le plus grand marché baissier de l'histoire s'est produit (division du dow jones par plus de 9).
La plus forte séance de hausse en un jour de l'histoire du Dow (+14,87%) s'est produite au plus fort de ce marché baissier : l'année 1931.
Voici les dates précises (corrigées en format français), en rouge les "krachs à la hausse" qui ont eu lieu en plein marché baissier (les deux dates en noir, en août et septembre 1932 s'étant produites à la sortie du marché baissier 29-32).
1 | 6/10/1931 | +14,87% |
2 | 30/10/1929 | +12,34% |
3 | 21/9/1932 | +11,36% |
4 | 21/10/1987 | +10,15% |
5 | 03/08/1932 | +9,52% |
6 | 11/02/1932 | +9,47% |
7 | 14/11/1929 | +9,36% |
8 | 18/12/1931 | +9,35% |
9 | 13/02/1932 | +9,19% |
Le mécanisme est toujours le même : les spéculateurs à la baisse accumulent des positions baissières avec un levier de plus en plus fort au fur et à mesure que le marché chute, jusqu'à ce qu'un évènement naturel ou artificiel (comme la décision de la SEC jeudi soir) déclenche un contrepied et oblige les vendeurs à couper en urgence leurs positions...Les vendeurs les plus exposés sont obligés de se racheter, ce qui fait monter fortement le marché, et un effet "boule de neige se produit ensuite", avec d'autres vendeurs qui coupent leurs positions et sont obligés de se racheter en "panique" au fur et à mesure que le marché monte.
Ensuite, quelques optimistes arrivent et achètent, en croyant que le marché baissier est fini, et le rebond se poursuit parfois (de façon beaucoup plus poussive) sous leur action...Puis la tendance de fond (baisse) reprend ensuite ses droits, après avoir "lessivé" les spéculateurs trop exposés.
Quelques conseils, rappels et remarques dans ce contexte, valables pour tous :
1) Si vous n'avez aucune expérience des marchés, et/ou que vous souhaitez seulement vous mettre à l'abri d'une crise de déflation / credit crunch dans le cadre d'une gestion « père de famille », il faut se limiter à des placements d'abri sûrs. Pour la France, dans le contexte actuel, cela signifie :
- Une fois le plafond de ces deux livrets atteint, les comptes à terme (échéances 6 mois à 1 an) offrent actuellement un bon compromis pour ceux qui pensent bloquer leur épargne pour une durée d'au moins 6 mois, à condition de choisir une banque sûre : L'écart entre les taux euribor 1 an et les taux monétaires dépasse en effet 1% aujourd'hui à cause des tensions particulières sur les taux euribor, ce qui permet d'avoir des taux bruts proches de 5% sur l'échéance 1 an, là où la plupart des sicav monétaires régulières sont aujourd'hui en dessous de 4%.
N'oubliez pas que dans une situation de récession/ déflation, le seul fait de se mettre ainsi « à l'abri » vous permettra d'augmenter fortement votre pouvoir d'achat en fin de crise :
->En début de crise, vous pouvez acheter un logement de 100 000 euros ou 1000 actions de 100 euros.
-> Au bout de 3 ans de crise, l'immobilier baisse de 35%, et les actions baissent de 50% (nous en sommes déjà à -30% sur les plus hauts au niveau du CAC, malgré le rebond de vendredi)
Votre cash en est à 112 000€ (placé à 4%, en négligeant les interêts composés)
Vous pouvez acheter 2240 actions à 50€ (pouvoir d'achat en action augmenté de 124%)
Vous pouvez acheter 1,72 "logements" (dont le prix unitaire est tombé à 65000 euros) : votre pouvoir d'achat immobilier a augmenté de 72% en 3 ans.
Cet exemple certes un peu caricatural (mais pas du tout irréaliste au niveau du potentiel de baisse sur l'immobilier) nous montre que vous aurez déjà réalisé une excellente performance en vous mettant juste à l'abri, dans un contexte où plus de 90% des épargnants subiront d'importantes pertes.
2) Si vous avec une bonne expérience des marchés et que vous souhaitez profiter plus aggressivement de la tendance baissière, n'oubliez pas ces règles de base :
a) Tout produit baissier est un produit à risque, avec possibilité de perte partielle ou totale de l'investissement de départ : Gardez donc une part importante de votre patrimoine en placements d'abri...les positions baissières sont là seulement pour améliorer l'ordinaire !
c) Soyez rigoureux sur les stop-loss et sur vos points d'entrée.
-> Si vous avez raté un point bon point d'entrée (voir par ailleurs l'article sur les indicateurs de sentiment de marché), ne cherchez pas à rattraper le train en route...attendez l'occasion suivante !
Si vous appliquez toutes ces règles de précaution, les « surprises » comme celles d'hier auront moins de chances de provoquer de gros dégâts : Je me suis fait surprendre comme beaucoup vendredi, et avais encore vendredi matin 2/3 de ma ligne de BX4 achetée entre 75 et 76 en août, parce que j'espérais que le marché irait plus bas...Celui-ci m'a donné brutalement tort à la suite du short-squeeze organisé par la SEC, et le BX4 est passé de plus de 90 la veille à 83 en cours de journée. J'ai logiquement coupé à ce niveau, étant dans "l'inconnu", certes à regret, mais en ayant préservé malgré tout un peu moins de la moitié des gains acquis depuis août sur les 2/3 de ma ligne qui n'avait pas été soldée à temps...
A présent, étant « sorti du train » (à tort où à raison, j'avoue être encore dans le brouillard à court-terme vu le caractère exceptionnel de la séance d'hier, plus forte séance en 20 ans sur le CAC) j'attendrai simplement que le VIX et les indicateurs de sentiment de marché reviennent à des niveaux intéressants, aussi longtemps que nécessaire, et sans avoir de pression particulière, même si cela peut me faire rater une vague de baisse. La sécurité avant tout !
3) Une dernière précision utile, pour rester objectif et complet.
Je défends dans ce blog la thèse déflationniste, et les choix de placements qui vont avec. Ce choix est basé sur ce qu'il s'est passé durant les derniers épisodes de credit-crunch (Japon, années 90 et USA 1929-1932), et vous trouverez les arguments en faveur de la déflation dans la rubrique "inflation / déflation" du blog.
Dans cette hypothèse, même les placements d'abri que je propose en 1) deviendraient un très mauvais choix parce que le pouvoir d'achat du cash fondrait rapidement.
Il n'y a malheureusement pas de solution « à toute épreuve » en matière d'épargne, il faut être sur les bons supports au bon moment, même pour le « père de famille ».