Point sur les chiffres de croissance du 2ème trimestre.

Publié le par loïc abadie

Voici la synthèse des derniers chiffres disponibles sur le PIB de différents pays d'Europe et d'autres régions pour le 2ème trimestre 2008 : 

- Espagne : +0,1% (plus mauvaise performance depuis 1993)

- France : - 0,3% (premier recul du PIB depuis la fin 2002 et l'éclatement de la bulle internet)

Chiffre qui nous vaut ce commentaire de Christine Lagarde : « Toute personne qui crierait au loup et à la récession aurait un trimestre d'avance ». 3 mois représentent donc selon les "normes politiques" actuelles un horizon beaucoup trop lointain qu'il faut surtout éviter de regarder pour tout dirigeant « responsable ». Tout va bien, et surtout gérez votre patrimoine sans penser à ce qui arrivera dans 3 mois. Quand à ce qui pourrait arriver dans 2 ou 3 ans, inutile d'évoquer de tels horizons, ils sont « politiquement inexistants »...

- Allemagne : -0,5%. C'est un peu moins mauvais que prévu il y a quelques semaines, mais quand même le premier recul de PIB depuis 4 ans.

- Italie : -0,3%, premier recul depuis 2003.

- Grande-Bretagne : +0,2% (plus faible performance depuis 2001).

Ce pays se dirige tout droit vers la récession, sous l'effet de la crise de l'immobilier et du crédit qui le frappe de plein fouet. Les saisies sont déjà à un plus haut de 15 ans, et sont prévues augmenter rapidement
Les ventes seraient à des niveaux bas jamais observés depuis 1978 (début des mesures)
, et la baisse des prix immobiliers en est déjà à -10,9% sur un an, et a accéléré au cours de ces derniers mois, avec à présent des rythmes supérieurs à 1,5% par mois.

- Japon : -0,6% (-2,4% en rythme annualisé), les exportations de ce pays ont subi leur plus gros déclin depuis la récession de 2001

Encore plus surprenant, le PIB de Hong-Kong a subi une contraction de 1,4% sur les 3 derniers mois, et certains « émergents » d'europe de l'Est sont également touchés : L'Estonie entre en récession (plus forte contraction du PIB en 14 ans), la Lettonie étant encore en expansion (+0,2%, plus faible niveau des 12 dernières années), la Lituanie étant pour l'instant épargnée (lien Bloomberg).

Selon Nouriel Roubini (China Daily), l'ensemble des économies du G7 est susceptible d'entrer en récession à brève échéance (pour les pays qui ne l'ont pas déjà fait).

L'emploi, autre indicateur important d'une économie, s'est déjà retourné dans les pays suivants, le mouvement n'en est qu'à ses débuts : 

USA, Espagne, Grande-Bretagne, Irlande, France (liste évidemment incomplète).


Ces chiffres ne sont sans doute qu'un minuscule aperçu de ce qui devrait arriver.
Les prix immobiliers sont encore tout près des sommets, sur l'ensemble des pays européens, et plusieurs années de forte baisse sont à prévoir à ce niveau : Voir ces graphiques sur  l'Angleterre ou la France par exemple.
Les conséquences associées à l'implosion de ces bulles immobilières (contraction ou stagnation du crédit, recul de la consommation) sont bien devant nous, pas derrière !
Le crédit était encore en expansion de 8,8% en rythme annualisé entre mars et juin 2008 sur la zone euro (données BCE). C'est un rythme proche des taux enregistrés aux USA au plus fort de la bulle de crédit, et un ralentissement encore bien modeste par rapport aux 12% de croissance de 2007...Ce petit ralentissement suffit pourtant déjà à faire des dégâts sur notre système économique totalement "drogué" au crédit.
Il n'y a pas besoin d'être un grand expert pour prévoir des conséquences économiques bien plus graves que celles observées actuellement lorsque l'implosion des bulles immobilières aura atteint son plein régime dans divers pays d'Europe, et que ces 8,8% d'expansion du crédit disparaîtront.

Les valorisations boursières aux USA restent à des niveaux de bulle, avec un PER moyen de 23,2 et un rendement sur dividende de 2,2%, avec là aussi un excellent potentiel de baisse.

La vraie crise n'a donc à mon avis pas encore commencé, les épargnants et investisseurs qui continueront d'ignorer les signaux d'alarme de ce 2ème trimestre le feront à leurs risques et périls...A chacun de voir si les prévisions de nombreux « experts » ou dirigeants qui nous annoncent maintenant une « reprise » début 2009 après avoir annoncé qu'il n'y aurait aucun problème en Europe en 2008 sont crédibles...



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P
alcatel était juste un exemple parmi beaucoup d'autres...c'est vrai qu'il y a une différence fondamentale entre un invetisseur et un trader, tu l'as souligné, et c'est d'ailleurs là que se situe notre difference d'approche du marché...le trader est plus dépassionné que l'autre et  préfère l'analyse technique a l'analyse fondamentale...il préfère également chasser les indices (+ révélateur de l'ambiance générale) que les titres...il est persuadé que le marché est irrationnel et ne suit qu'une seule loi, celle de l'offre et la demande alors que l'investisseur cherche toujours a expliquer les cours... a justfier un PER délirant ou a l'inverse, la sous évaluation d'un titre.le trader s'intéresse a la psychologie des acteurs du marché et fait preuve a mon sens de + d'objectivité.....ce n'est tout simplement pas la meme activité, bien que les deux pousuivent le meme objectif de profit.cordialementpascal.M  
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L
Sans vouloir vexer personne, il ne faut pas acheter n'importe quoi même si l'action est (actuellement) sous-évaluée (voir aussi la valeur comptable de l'action). Réinvestir en actions hors crise ou déjà maintenant n'est pas un jeu de hasard. Un peu de chance est, bien entendu, toujours bon à prendre, mais il vaut mieux disposer d'une "très" bonne vision. Des opportunités existent déjà et "partout" dans le monde. Un certain Templeton (... Sir John je pense) disait : la question n'est pas "où les affaires vont-elle bien ?", mais plutôt "où cela se passe-t-il mal ? C'est là que se trouve le plus grand défi d'un investisseurs, car il est extrêmement difficile d'aller à contre courant tout en réalisant des bons chiffres. Mais quand cela réussit, l'argent coule à flots. Et investir dans des entreprises ou des secteurs qui vont mal, c'est une chose, mais savoir prédire une amélioration est bien différent. C'est la raison pour laquelle nous devrons avoir l'oeil sur la "base" sous-jacente à long terme. Si elle est bonne, un investissement vaut la peine. Soyons des investisseurs pas des traders! Mais je peux parfois comprendre les investisseurs "patients", car c'est très frustrant d'acheter une action bon marché qui diminue encore de valeur par la suite. C'est pourquoi, comme Sir Templeton, je conseille de placer vos nouvelles idées d'investissement sur une liste d'attente ou d'en acheter une quantitée limitée avant de vous y consacrer "pleinement"(= TOUT savoir si possible), car s'il s'agit réellement d'une bonne affaire, il est inutile de se presser. Les marchés sont actuellement en baisse, mais cela n'a pas trop d'importance. Parce que je cherche dans divers pays des actions cotées "très" bas, alors qu'elles valent plus à mes yeux ! Et comme le disait Warren Buffett : "N'achetez jamais une action qui ne vous apporte pas satisfaction, au cas où la Bourse fermerait pour 10 ans !Et Il est exact que je ne parle pas de tout cela sur mon blog ... la raison est simple, et vous la trouverez sur un de mes billets de mon blog où je parle d'un certain Albert Frère et de ses 10 commandements (Aimer la vie, c'est vivre !). Bien à vous,LucPs: @ pascal: voilà pourquoi je n'aurais "jamais" acheté des actions Alcatel.  
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L
Bonjour,J'ai découvert ce site depuis peu et je l'apprécie beaucoup de part la qualité des explications des différents articles.Je ne suis pas très connaisseur dans le domaine de la finance et des bourses cependant je m'intéresse beaucoup à ce qui se passe actuellement dans le monde (crise).Je souhaiterais, si possible, avoir un explication concernant le marché immobilier :Si les prix de l'immobilier chutent, pourquoi est ce une crise, n'est ce pas une bonne chose pour les acheteurs?? je comprend que ce ne soit pas bon pour les vendeurs mais pour les autres??Est ce que la chute des prix va necessairement induire une augmentation des taux d'hypotèque qui vont, en fait, annuller le bénéfice d'un acheteur du à la baisse des prix des biens?Merci de vos explicationsLoïc
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L
<br /> <br /> C'est évidemment une très bonne chose pour les acheteurs (rares) qui auront su anticiper en refusant d'investir au mauvais moment, et en attendant avec du cash à l'abri que l'immo se soit crashé.<br /> <br /> <br /> Sur un plan plus général (ensemble de l'économie) par contre, l'implosion d'une bulle immobilière dans notre système "drogué au crédit" a des conséquences redoutables, vu qu'elle sape les<br /> fondements (artificiels) de notre système économique basé sur l'expansion non contrôlée du crédit : fin de l'expansion du crédit = moins de liquidités, moins de consommation et récession.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
L
Bonjour Loïc, Je trouve ton étude très intéressante et j'ai lu ton livre. Il contient une vrai mine d'infos très intéressantes. Je pense qu'il serait utile d'effectuer une étude contrarienne pour complêter tes infos. Mêmes si les indicateurs  sont orientés phase 4 (Crise), il est utile de voir quels sont les indicateurs qui servent d'appui au marché. Car, même si le CAC a baissé depuis mi 2007, il ne s'écroule pas encore.Avoir une vision complête perrmettrai de comprendre pourquoi ce soutien.Nul doute que les établissements financiers sont au fait de ce qui se passe et, en manque de liquidités, leur intérêt est d'aller en chercher là où il y en a..... dans les entreprises et chez les particuliers.Laurenthttp://mytimemakesmoney.blogspot.com/
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N
J'ai une question : pourquoi les pays les plus touchés par la crise (EU, UK, Espagne) affichent-ils encore des croissances positives (même si le T4 US vient d'être révisé en négatif), alors que des pays a priori plus "vertueux" (je pense en particulier à l'Allemagne) passent tout de suite dans le rouge ?
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L
<br /> <br /> Il faudra attendre quelques trimestres sans doute pour avoir une évolution plus homogène.<br /> <br /> <br /> L'allemagne a sans doute été victime de ses traditions d'exportateur (hausse de l'euro et retournement aux US).<br /> <br /> <br /> Les E.U ont choisi de repousser le problème de 3 mois avec les "chèques bush". Mais au T3, les ennuis risquent de revenir en force.<br /> <br /> <br /> pour l'UK et l'Espagne on est tout près du 0, attendons ama la fin 2008 avant de se prononcer, il est difficile de comparer avec précision des pays sur seulement 3 mois.<br /> <br /> <br /> <br />