Les banques centrales se "fâchent" dans le vide !
Que de légendes entend-on en ce moment sur les pouvoirs supposés des banques centrales :
- Elles vont empêcher la récession par une maîtrise financière « bien meilleure que dans le passé »
- Elles vont empêcher le crédit crunch (contraction du crédit) parce qu’elles vont déverser « autant de liquidités que nécessaire » avec éventuellement un "hélicoptère".
- Elles vont gommer la dette en excès en relançant l’inflation (tout le monde croyant évidemment dur comme fer à leurs capacités de pouvoir le faire).
Seul problème que l’on oublie dans ce monde merveilleux : L’expansion du crédit n’existe que si
- Il y a des prêteurs volontaires pour le faire.
- Et surtout si il y a des emprunteurs demandeurs de plus de crédit.
Avec la baisse en cours de l’immobilier, et la hausse rapide des taux de défaillance des prêts immobiliers (qui s’étend maintenant aux cartes de crédit et à certains prêts à la consommation), il y aura à la fois moins d’emprunteurs intéressés (pourquoi emprunter pour acheter un bien qui perd de sa valeur…même si un hélicoptère bienveillant propose de l'argent à 0% d'intérêt !)
Et moins de prêteurs disponibles (par durcissement des conditions d’octroi du crédit à cause d’une aversion au risque plus grande).
La dépêche AFP tombée aujourd'hui sur l’action de la BCE est révélatrice de l’opinion qui accorde aux banques centrales des pouvoirs presque surnaturels :
« la BCE inonde les banques d'argent bon marché »
« La Banque centrale européenne a mis mardi un montant massif d'argent pas cher à la disposition des banques »
A lire cet article (repris aussitôt par tous les grands journaux économiques), on a l’impression que la BCE peut déverser à volonté des flots d’argent (346 milliards aujourd’hui) sur les banques, et que l’économie est ainsi indestructible…
Dans la réalité, il s’agit d’un simple prêt de très court terme sur une durée de 2 semaines et celui-ci n’a visiblement même pas réussi à changer grand chose à la situation sur le très court terme :
L’euribor 3 mois (taux des prêts interbancaires en euros) a à peine baissé comme le montre le graphique ci-dessous, et reste à des niveaux historiquement hauts par rapport au taux de base de la BCE : l’écart entre euribor et taux de base BCE reste encore à 88 points contre 95 points avant l'annonce de la BCE (il était à 10 points seulement avant le début de la crise des subprimes).
On voit que l'action censée être "énorme" de la BCE aujourd'hui n'a provoqué qu'une toute petite baisse de l'écart entre euribor et taux de base BCE... la "montagne" de défiance n'est pas entamée.
Sur un plan plus général, de la même façon que les taux à 0% de la banque du Japon n’ont rien changé à la déflation et à la contraction du crédit dans les années 90 au Japon, les actions de la BCE et de la FED n’empêcheront pas la contraction du crédit de se produire aux USA et en Europe dans les années à venir…tout simplement parce qu’elles ne peuvent pas commander la poursuite de la hausse de l’immobilier ou empêcher une perte de confiance et de volonté des ménages à s’endetter.On voit que l'action censée être "énorme" de la BCE aujourd'hui n'a provoqué qu'une toute petite baisse de l'écart entre euribor et taux de base BCE... la "montagne" de défiance n'est pas entamée.