L’immobilier et la dette des ménages en Europe.

Publié le par loïc abadie

Le but de cet article est de donner quelques points de repère comparatifs entre l’Europe et les Etats-Unis au niveau de la dette et de l'évolution des prix immobiliers :
 
1)      Le niveau d'endettement des ménages en % du PIB (données : 2006)
 
- Les ratios actuels qui forment la « référence » en la matière au niveau des USA se situent à 97% du PIB (date : 2ème trimestre 2007).
- En Grande-Bretagne, la barre des 100% du PIB a été franchie à la fin 2006, on se situe actuellement aux alentours de 102-104% du PIB.
 
- Voici les données pour la zone euro : 

housedebteur.jpg
(source : banque centrale européenne) 

On peut distinguer 4 groupes de pays :
 
L’Irlande, le Portugal, les Pays-Bas et l’Espagne se situent à des niveaux inférieurs, mais assez proches des USA ou de la Grande-Bretagne, avec un endettement des ménages qui tourne autour de 70-80% du PIB
 
L’Allemagne à 60% du PIB est déjà moins endettée

4 pays (France, Belgique, Finlande, Autriche) sont à des niveaux beaucoup plus raisonnables (40 à 50% du PIB), donc moitié moins que les USA environ.

Les moins endettés étant l’Italie et la Grèce.
 
2)      La croissance de la dette.
 
Les niveaux de référence pour la bulle de crédit actuelle sont une croissance d’environ 10% par an de la dette des ménages (évidemment bien plus rapide que la croissance du PIB).
Ces niveaux ont été observés aussi bien en Grande-Bretagne qu’aux USA depuis l’an 2000.
Actuellement, avec le début de la crise du crédit aux USA, on observe un timide ralentissement, avec une croissance de la dette des ménages qui est tombée à 6-7%…en Grande-Bretagne, aucun signe de « fatigue » des emprunteurs, la dette augmente toujours à 10%/an (moyenne de janvier à septembre 2007).
 
Pour la zone euro, trois cas de figure sont observés :

housedebt2eur.jpg 
(source : banque centrale européenne) 

-         Deux pays (Irlande, Espagne) voient l’endettement de leurs ménages flamber au rythme de 20 à 25% de croissance annuel (doublement tous les 3 ans), deux fois plus vite que les USA. L’impact d’une crise du crédit à venir devrait être maximale pour ces pays, la croissance y étant totalement dépendante de la bulle de crédit.
 
-         Dans la majorité des pays (France, Finlande, Belgique, Italie, Pays-bas, Portugal), l’endettement des ménages progresse à peu près au même rythme (ou légèrement plus vite) qu’aux USA sur la période 2004-2006. L’impact d’une crise du crédit devrait être assez important pour ces pays, dont la croissance de ces dernières années a été en grande partie provoquée par la progression de la dette des ménages.
 
-         Un cas à part : l’Allemagne, qui est complètement en dehors de la bulle de crédit (et immobilière) actuelle.
 
3)      La progression des prix immobiliers.
 
Voici un tableau de la progression cumulée sur la période 2004-2006 pour divers pays du monde :
 
Pays
évolution prix immo 2004-2006 en %
Allemagne
5,3
Italie
24,1
GB
27,2
Irlande
34
USA
36,6
Espagne
45,1
France
49,6
Danemark
69,1
 
 
Ce tableau montre cette fois la place particulière de la France, dans le peloton de tête des bulles immobilières mondiales, nettement devant les USA.
Cet article du Financial Times qui place la France en n°1 mondial de la surévaluation immobilière va dans le même sens (bulle immobilière particulièrement développée en France).
 
Sur une période plus longue (1997-2007), l’Espagne et l’Irlande se distinguent (ce qui est logique vu la progression anarchique de l’endettement dans ces pays, mais la France est aussi très bien « placée ».
 
Plus de détail sur les prix dans cet article (mais il faut recouper les informations pour les petits pays, notamment les pays de l’Est où les chiffres indiqués sont peu fiables…).
 
En résumé : notre pays est :

-         assez peu endetté par rapport à la moyenne US/Europe.
-         Mais la dette s’accroît au même rythme que les USA (les ménages français sont à un niveau d’endettement qui n’a jamais été atteint auparavant).
-         La bulle immobilière y est nettement plus importante que dans la moyenne Europe et qu’aux USA.
 
 
 

Publié dans économie générale

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I
Concernant le marché immobilier français, il faut aussi reconnaître que la FNAIM joue depuis longtemps le jeu de la spéculation en assurant aux investisseurs (notamment locatifs) que le marché sera à la hausse dans les grandes villes (Zone A, dont Paris) et en aidant encore à la concentration des transactions...
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G
Immobilier en France : la croissance des prix est très inégale selon les villes et les régions. Paris a évolué comme les grandes métropoles internationales mais avec encore une grande marge de protection, suf cas exceptionnels de ventes à des milliardaires russes ou chinois. La preuve du niveau bas des prix immobiliers français est l'attrait encore sensible du parc français pour les anglais. De plus il faudrait compter dans les ressources des ménages français le poids souvent très important de leur patrimoine immobilier,  du fait de la tradition d'investissement dans la pierre et des héritages qui se multiplient du fait de la disparition d'une génération particulièrement prudente et active.HGans
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P
La bulle des matières premières n'est ni plus ni moins que le fait des liquiditées que l'on a donné aux banques pour se sauver et qui misent sur les MP en se disant que c'est indispensable a n'importe quel prix .demarche identique a celle qu'ils ont employés sur l'immo et le resultat sera identique. On va commencer a ricoler quand un vendeur de nickel ira déchargé ces 38 tonnes devant la porte de la banque !!!tous les fusibles petent les uns aprés les autres a une vitesse accéléré vous verrez en autre pour le pétrole on va dans un mur et on accéllere sa va faire mal lors du Contact les mots importants alors deviendont:Crédit grunchLBOtitrisation rendez vous mi 2009
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P
Bonjour Loïc,je suis complètement d'accord avec tes conclusions : l'immobilier français est très fortement surévalué. La baisse se fera dans des proportions similaires à l'après 91 (30-40% en 5-6 ans) donc je patiente pour devenir propriétaire!question sur un autre sujet : les matières premières. Je suis l'évolution du prix du Nickel sur le London Metal Exchange. Je suis étonné de voir que les stocks augmentent en continu de 5 à 15% par mois et que le prix reste très élevé voir monte doucement. Dans mon esprit si les stocks montent c'est que l'offre est supérieure à la demande. Et pour moi quand l'offre est supérieure à la demande les prix baissent. As-tu une explication STP?Merci de continuer ton blog très intéressantPatrick
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L
Bonjour Patrick, je ne suis pas expert en métaux de base, mais à voir les graphes histo sur kitcometalshttp://www.kitcometals.com/charts/nickel_historical.htmlil n'y a pas de lien très évident entre les prix et les stocks sur le LME.Ma "théorie" est que les métaux de base (comme l'or, l'argent et la quasi totalité des actifs) se comportent en ce moment de façon corrélée en fonction du niveau d'aversion au risque des investisseurs : quand les bourses plongent, tout baisse, quand les bourses rebondissent, tout rebondit (avec quelques décalages, mais la corrélation en ce moment est vraiment très forte).
T
Bonjour,Bravo pour ce site clair et documenté.Concernant la structure de la dette américaine et les engagements déjà pris par les contractants, le graphe ci-dessous laisse entendre qu'on n'est pas prêt de sortir du cycle défaut de paiement -> ré-évaluation des actifs titrisés (source : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1378).Je ne pense pas qu'en France, on soit sur des niveaux de prêts à taux variables aussi importants. Par contre, l'hypothèse de déflation fait vraiment peur car même les prêts à taux fixes commenceront à coûter chers....
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