baisse des taux : la FED peut-elle gagner son pari ?

Publié le par loïc abadie

Une baisse du taux directeur de la FED au cours des prochains mois semble maintenant acquise, et je pense comme beaucoup qu'elle aura effectivement lieu (et sera suivie par de nombreuses autres). 

Quels vont en être les conséquences ?


Rappelons d'abord quelques faits historiques : 

- Après la 1ère baisse des taux de la FED (nov 1929), le cours du Dow Jones sera divisé par plus de 5, avec à la clé une des pires récessions de l'histoire des Etats-Unis.

- Après la 1ère baisse des taux de la banque centrale du Japon (juin/juillet 91), le nikkei a perdu plus de 40% en à peine plus d'un an, et a continué un mouvement baissier qui l'a fait passer de 25 000 fin 91 à 8000 en 2003...les taux d'intérêt japonais en 2003 étant pourtant tombés en 2003 à ....0,10 % !
La politique de "taux 0" japonaise a été incapable d'empêcher plus d'une décennie de marasme économique et de déflation.

graphique historique du nikkei

- Après la 1ère baisse des taux de janvier 2001 par la FED, le Nasdaq a perdu (après un bref rebond) la moitié de sa valeur, le DOW se "contentant" d'une baisse de 30%.

Ces exemples anciens et récents montrent que compter sur une baisse des taux de la FED peut être désastreux pour l'investisseur (au delà d'un rebond de quelques jours ou quelques semaines) !

Sur un plan plus général, quand une bulle de crédit et d'actifs de grande ampleur est constituée, associant surendettement et bulle immobilière, l'histoire nous montre que les baisses de taux sont sans effet et n'empêchent pas l'éclatement de la bulle : que ce soit pour les USA en 29 ou le Japon dans les années 90.

après 2002, les baisses de taux de la FED ont eu un relatif succès, puisque elles ont "réussi" à relancer l'économie en créant une bulle immobilière et en accélérant l'expansion de la bulle de crédit constituée depuis le début des années 90.
Cette "réussite" a été possible uniquement grâce au développement des prêts exotiques (subprime, Alt-A et tous les prêts à taux révisables) et aux dérivés de crédit qui ont permis aux banques d'"oublier" toute notion de risque.

Aujourd'hui est-ce que la FED pourra renouveler son "exploit" de 2003-2007 ?

- Les conditions de crédit se sont considérablement durcies depuis la crise de juillet : les prêts subprimes ont quasiment "disparu" du paysage des nouveaux prêts proposés, et avec eux d'autres catégories de prêts exotiques...les subprimes formaient à eux seuls 20% du marché, mais en y ajoutant les autres prêts à taux révisables, on atteint facilement 1/3 du marché des prêts immobiliers US.
Pour le reste du marché, on constate des hausse de taux pour tous les emprunteurs n'ayant pas un profil "parfait"...
article de CNBC

La baisse des taux de la FED sera sans effet sur ce problème...et avec 1/3 du marché en moins, on voit mal comment le crédit pourrait repartir à la hausse au cours des mois et années à venir !

- La pression sur les emprunteurs qui ont contracté des prêts "exotiques" ces dernières années va encore s'amplifier au cours des mois à venir, et de façon très importante : ce graphique sur le montant des révisions de prêts ne laisse guère de doute sur l'augmentation à venir du rythme des saisies immobilières.
Là aussi, la baisse des taux de la FED sera sans effet. Parce que la fin programmée de la période de "teasing" sur un prêt à taux révisable signifie un bond automatique de la mensualité.


Données de  : John Mauldin, safehaven.com

Les
saisies ont d'ailleurs déjà repris leur hausse aux USA en juillet 2007 (+9% sur un mois et + 93% sur un an).

La vérité est que, à cause de la récession en cours sur le secteur immobilier, la FED ne dispose plus aujourd'hui de bulles à "regonfler" comme en 2002, donc de moyens d'augmenter encore l'endettement des ménages.

La baisse des taux ne devrait donc pas empêcher la généralisation de la crise du crédit à tous les secteurs de l'économie US.


Publié dans économie générale

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I
<br /> Une crise du crédit et un retournement du marché immobilier sans précédent.<br /> L'injection de liquidité a permis de limiter le ralentissement sans corriger les problemes de fonds.<br /> <br /> <br />
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R
Bonjour,Pour abonder dans ton sens, il y a avant la fin de l'année pour 1000 milliard de dollar de créance d'entreprise à renégocier: or c'est le marché sur lequel FED et BCE injectent à fond ces temps ci du fait de la crise de confiance entre preteur/emprunteur.De plus quand tu lis les derniers commentaires de Bernanke, que lis tu (je cite la lettre au sénateur Charles Schumer abondamment diffusé sur le net pour justifier une rumeur de baisse de la FED(je suis avant 16h:-).La banque centrale "surveille la situation" et elle est "prête à agir en fonction des besoins pour adoucir les effets négatifs sur l'économie .== je ne peux pas tout régler puisJe partage votre inquiétude sur l'effet potentiel qu'auront les ajustements de taux sur les propriétaires ayant des emprunts subprime à taux ajustable", affirme le président de la Fed. "Au cours des années à venir, un grand nombre d'entre eux devront faire face à des paiements beaucoup plus élevés et, de ce fait, au risque de perdre leur logement du fait d'une saisie ou d'une vente aux enchères", ajoute-t-il. ===je vais augmenter les taux a long terme"Peut-être les secteurs privés et publics pourraient-ils, séparément ou en collaboration, aider la situation en développant une gamme plus large de prêts hypothécaires qui seraient appropriés pour les emprunteurs à revenus faibles ou moyens", estime-t-il.== ce n’est pas mon problème
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R
Il y a un article du monde de Daniel Cohen avec le titre: "1929 n'aura pas lieu". Intéressant à lire car on apprend que Bernancke est un spécialiste de 1929. Sinon téméraire comme article. La défaillance serait due à la défaillance des banques privés en 1929==>voila pourquoi les banques centrales leur prête à tour de bras. Mais il n'y aura pas nécessairement de baisse des taux directeur car Bernanke ets un monétariste convaincu. Donc, apparement il soutiennent les banques mais pas les particuliers afin que la bulle éclate avec moindre dégats: dans tous les cas c'est une baisse du marché des actions et immobiliers qui aura lieu et une récession. Pas nécessairement le big one de 1929 cependant, mais une croissance anémique pendant 10 ans...
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L
Il y avait eu une discussion là dessus sur le forum "securibourse" (http://securibourse.com).C'est vrai qu'aucune crise n'est identique à une autre...la "purge" peut être courte et violente comme en 1929, ou plus étalée et plus longue (mais une sévère récession ama est inévitable).C/C de ce que j'avais écrit dans la file :l'édito de Cohen est ama complètement contradictoire !Comment peut-on "rassurer" et "punir ensuite" sans détruire totalement la confiance ?"La crise de cet été est différente de celle de 1929 à plusieurs égards. Les prêteurs, tout d'abord, ont dilué leurs propres risques en revendant leurs créances à d'autres établissements, Cette mutualisation est a priori une bonne chose."-> Certainement pas, cette "mutualisation" a conduit les prêteurs à s'engager dans des pratiques de prêt encore plus risquées (puisqu'ils n'avaient plus à gérer le risque, enfin c'est ce qu'ils pensaient)...Quand à l'efficacité de la "mutualisation", on a eu un petit aperçu de ses effets en août, alors que le retournement sur l'immo n'en est qu'à ses touts débuts !Déjà 136 établissements de crédit ont disparu.Les hedges funds censés "supplanter" les banques vis à vis du risque sont aussi clients et emprunteurs chez d'autres banques...et leur faillite fera tomber d'autres dominos. Et on a aucune idée de la capacité des détenteurs de CDS (credit default swaps) à honorer leur "contrat d'assurance", c'est à dire rembourser la banque prêteuse en cas de défauts en série d'emprunteurs.On a remplacé au final des prêteurs professionnels et habitués à évaluer le risque (les banques traditionnelles) par des prêteurs qui ne connaissent rien à ce métier (hedge funds et autres agents économiques).Je ne vois pas en quoi c'est une "bonne chose" pour la sécurité du système.-> "Les crises bancaires privent les débiteurs les plus vulnérables de refinancement, et les poussent à leur tour à la faillite. Sont directement touchés les paysans, les PME et les ménages."C'est exactement ce qui commence à se passer en ce moment : les conditions de crédit se durcissent, et les mains faibles n'ont plus accès au crédit !->"La BCE a injecté à elle seule plus de 250 milliards d'euros"La BCE n'a rien injecté du tout, elle a prêté des liquidités à court terme à des banques pour qu'elles aient le temps de vendre des actifs afin de reconstituer un niveau de cash suffisant...ce n'est pas pareil !Face à la complexité du système actuel, il faut raisonner en global : il y a x milliards de $ de crédit en excès à résorber (peut importe où ils sont et qui est prêteur final). Ces crédits en excès devront être remboursés et cela implique une chute de la consommation proportionnelle à la masse de crédit en excès à résorber.En 1929, cette masse de crédit (280% du PIB) était inférieure à celle accumulée actuellement (460%)...la normale historique étant de 150%Il n'y a aucune raison de penser que la "punition" à venir comme dit Cohen ne sera pas au moins aussi forte que celle de 1929.C'est comme si on disait à une famille qui va passer en commission de surendettement "ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer et vous pourrez continuer à vivre comme avant"."L'heure d'une redéfinition des objectifs de la politique monétaire, qui inclut désormais celui de prévenir les bulles financières et immobilières, vient de sonner."Non, l'heure ne vient pas de sonner, il ne s'agit pas de "prévenir" une bulle, mais de subir l'implosion de la plus grosse bulle de crédit que le monde occidental ait jamais connu, qui est déjà constituée depuis bien longtemps. L'"heure" pour la prévention, c'était à la fin des années 80. Maintenant il est bien trop tard pour faire quoi que ce soit...même avec "super-Bernanke"
N
Correction!Je me suis emmelé les pinceaux concenant le sondage(il n'est pas significatif car fait chez une communauté minoritaire).celà dit je ne suis pas convaincu du timing pour l'automne prochain.La Fed peut encore ralentir la chute des prix de l'immo. et jouer la bulle obligataire (bons du  trésor US valeurs de refuge)
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N
A priori je suis entièrement d'accord avec vous;néanmoins le timing ne me semble pas encore mur.Le rebond de la semaine dernière va s'arreter net et les marchés vont retomber lourdement avec les apparitions des cadavres (le Cac doit aller au moins à 5000 pts), celà dit la panique reste modéré chez les américains .En effet dans un sondage 16% disent qu'ils vont faire attention aux nouveaux emprunts , 41%vont continuer comme d'habitude.La baisse de la consommation , oui, la récession , peut-etre mais la dépression pas pour tout de suite.
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